Esclave !!

[Moya]

Je suis née sur Terre il y a 20 ans... ça, je m'en souviens.
Je me souviens aussi de la vie là-bas, de mon métier de Bibliothécaire et d'un chat nommé Spoonz...
Mais à part ça, rien. Le vide total... Avais-je des parents, un fiancé, des amis ? Surement, mais ils ont disparu de mon cœur et de ma mémoire... Laissés là-bas avec mon passé, mon identité...

De mon enlèvement, je ne me rappelle rien non plus... Tout n'est que brouillard rouge, cris et goût de cendres.

Mon esprit a commencé à reprendre pied dans la réalité sous les questions incessantes d'un homme qui me tenait en laisse !!

"Tu t'appelleras Moya. Tu es Kajira. Esclave quoi. Comprends tu ce que je dis ?... Tu es Moya, tu es Kajira..."

Mais ces mots n'avaient aucun sens pour moi... Kajira ? Esclave ?
Tout cela n'avait aucune réalité ! Moya ? Etait ce mon nom ?

Je vécus plusieurs jours dans cette brume d'incompréhension... Exécutant ce que l'on m'ordonnait mais sans vraiment me sentir concernée, persuadée de vivre un cauchemar... J'allais bien finir par me réveiller !
On me regarda sous toutes les coutures, me palpa, me pesa, mesura... telle une pouliche de concours...

Peu à peu, pourtant, mon cerveau enregistra cette donnée : si cette vie était un cauchemar, elle était quand même bien réelle !!

Alors vint la colère, la haine et la résistance passive malgré les exhortations d'une autre Kajira appartenant aussi à "Mon Maître".
Celle-ci, Zion, essaya de me convaincre de m'habituer, d'accepter ma condition... Elle était douce et avait l'air heureuse d'être ce qu'elle était. Ce que je n'arrivais pas à comprendre ! Comment pouvait on éprouver de la tendresse pour ces brutes qui représentaient pour moi la lie de l'humanité.
"Mon Maître" décida alors que j'étais prête pour le marquage...

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Il m'emmena dans une sorte de "forge" sombre où s'alignait des cellules aux barreaux de bois grossiers ainsi que des croix ressemblant à celles que j'avais vu dans des livres parlant de l'inquisition au Moyen Age.
Il était accompagné de Zion et d'un esclave mâle récemment acquis, Ace.

Je savais que cela ne servait à rien, mais ce fut plus fort que moi, je me débattis. Freinant des talons et me tortillant tel une couleuvre, "Mon Maître" dut me porter et me sangler brutalement sur la croix. Même ainsi, je continuais.
Il demanda à Zion de l'assister, ce qui n'eut pas l'air de lui plaire du tout.
Avec douceur, elle introduit le rouleau de cuir entre mes dents, ses yeux emplis de compassion...
Pour la première fois je rivais les miens dans ceux de "Mon Maître" qui s'avançait le fer rouge à la main.

Un très court instant nos regards s'affrontèrent.
La haine et la terreur explosèrent en moi, si fortes, qu'elles me brouillèrent le cerveau.
La bile me monta à la gorge et seule la certitude qu'un jour je tuerais cet homme me permis de ne pas sombrer dans la folie.
Quand le fer incrusta sa marque infamante dans ma chair, mon cœur explosa et je m'évanouis.

Je repris lentement mes esprits en sentant le sol froid de la forge.
Allongée par terre, j'étais seule, enfin je le crus jusqu'à ce que j'entendisse la voix du Maître et d'Ace un peu plus loin.
Je me relevais en titubant, envahie par la douleur irradiant de ma cuisse... Je ne supporte pas la douleur... ça aussi, je m'en souviens maintenant.
Quand mes yeux purent de nouveau accommoder, je m'aperçus que le Maître était penché sur Zion qui elle aussi avait perdu connaissance...
Une fois encore mon instinct et mes réflexes prirent le pas sur ma pensée cohérente... Je m'éloignais lentement et, d'un coup bondis, et m'enfuis en courant vers la mer non loin.

Cachée derrière des caisses de marchandises, j'avançais dans la mer... lentement... quand celle-ci atteint ma cuisse blessée, le sel me piqua et permis à mon cerveau de sortir de son engourdissement... Pour la première fois, toute l'horreur de ma situation m'apparut alors clairement, réellement...
Me laissant tomber sur le coté, je me recroquevillais et pleurais... enfin...
Je pleurais telle une enfant avec de longs sanglots... Je pleurais sur mon passé et sur tout ceux que j'avais perdu... définitivement... Cette acceptation m'ouvrit enfin les yeux... Le fer n'avait pas seulement marqué ma chair mais mon cœur aussi... Mais avais je perdu aussi mon âme ?
Je devais choisir... ou mourir ici, tout de suite, dans ces eaux étrangères ou vivre...
Mourir, c'était laisser gagner ce monde et les brutes qui l'habitaient... Vivre, c'était laisser gagner l'espoir et la dignité...
"Le roseau ploie mais jamais ne se brise"
J'ai choisi la Vie...

Quand "Mon Maître" me retrouva et me demanda où je comptais aller comme ça, je lui répondis que je courais juste pour atténuer la douleur... Crut-il ou non à cette fable, je ne le sais mais pour ce soir nous en sommes rester là... l'aventure ne faisait que commencer et maintenant nous étions deux à "jouer"...
J'obéis donc avec assiduité quand il me dit de retourner au Kennel afin de m'occuper de Zion... Car obéir est le propre de l'esclave... mais il y a plusieurs façons d'obéir "Mon Maître" quoiqu'en pense les tyrans...

Tandis que je jetais un dernier coup d'œil vers la mer, une phrase d'un auteur de mon monde, dont le nom m'échappe, me revint en mémoire :

La liberté est une sensation. On peut parfois l'atteindre, enfermé dans une cage comme un oiseau.

[HRP - Voilà, j'espère que mon style n'est ni trop long ni trop lourd... Débutante en RP, je n'en connais pas encore tous les codes. Je ne savais pas si j'avais déjà le droit de poster n'étant pas encore "acceptée" mais j'ai essayé, j'espère ne pas avoir commis d'impair Sinon la citation est de Camilo José Cela - HRP]

[Gillan Bleac]

Non seulement ce n'est pas lourd, mais je crois que tu as bien compris la nature de la kajira. Elle n'est pas une femme qui accepte volontiers sa condition d'esclave, surtout si elle est d'origine de la terre.
Bienvenue à la cité.

[Barri Avro]

ce texte est absolument génial et super agréable a lire félicitation

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